Il paraitrait que certains hommes sont des phobiques de l’engagement. Oui. Ces hommes là, les pauvres, voudraient bien donner plein d’amour aux femmes, ils voudraient bien s’engager, mais ils ne peuvent pas lutter, ils ont la trouille chevillée au ventre. Divorces de leurs parents, perte d’être cher, ou encore blessure due à une autre femme, les hommes qui ont peur d’aimer ont vécu des trucs trop durs dans leur vie, du coup ça les a beaucoup perturbé dans leurs relations aux femmes.
Il y a même un livre qui s’attache à décrire et à comprendre leur comportement : « Ces hommes qui ont peur d’aimer ». C’est vrai qu’il a l’air malheureux sur la couverture, cet homme là, ça n’a pas l’air facile pour lui de ne pas savoir aimer, de ne pas pouvoir lutter contre sa peur. Cette petite moue, là. Ce regard qui dit « Aime moi, c’est pas de ma faute, je voudrais bien mais je peux point ». On a envie de le cajoler, de le prendre dans les bras ce petit bonhomme.
Moi, je suis contre.
Il m’énerve avec sa petite moue.
J’ai envie de lui donner une claque, tiens. Parfaitement.
Soyons clair, je ne sais pas si le phobique de l’engagement existe. Peut être que c’est une pathologie réelle, je ne m’avancerai pas sur le sujet. Je voudrais juste qu’on arrête de penser qu’il existe. Pour le bien de la partie féminine de l’humanité. Parce que rien que de lui donner une existence, un statut, une posture, à ce phobique de l’engagement, c’est lui offrir une certaine légitimité. Et c’est déjà lui pardonner de faire du mal aux filles qu’il va rencontrer, parce que ce n’est pas de sa faute, on a dit, il est malade, quoi, mince, on ne tire pas sur l’ambulance, c’est déjà pas facile pour lui !
Je suis contre, donc.
Parce que du coup, la fille qui rencontre un type qui lui dit ne pas vouloir s’engager, a tendance à se dire « Ah, ok, je suis donc tombée sur un phobique de l’engagement. » (la fille est généralement super au courant de toutes les pathologies qui peuvent toucher la gent masculine). Du coup, elle se dit aussi qu’avec beaucoup de patience, elle pourrait éventuellement réussir à le guérir (la fille est également assez confiante dans ses capacités de guérisseuse, surtout des pathologies qui touchent la gent masculine). Et, du coup, elle lui pardonne beaucoup de choses vu son état, déjà pas facile comme on l’a dit, de « phobique ». Comme un malade. C’est pas de sa faute s’il éternue tout le temps, il est allergique, on ne peut pas lui en vouloir. C’est pas de sa faute s’il a oublié d’acheter le pain, il a Alzheimer, on peut pas lui en vouloir. C’est pas sa faute s’il ronfle, il a des végétations, on ne peut pas lui en vouloir. C’est pas de sa faute s’il ne me rappelle pas, il est phobique de l’engagement.
Je milite pour la disparition pure et simple de la pathologie. De la case (c’est comme la case « mademoiselle », je milite aussi pour sa disparition. Ou en échange d’une case Damoiseau, à la limite, comme le suggère Camille, mais c’est un autre débat.). Parce que si la case « phobique de l’engagement » n’existait pas, la fille ne se dirait pas qu’il est malade. Elle ne le classerait pas dans une catégorie qui explique et qui excuse son comportement. Elle se dirait juste que ce n’est pas le bon. Et elle passerait à autre chose.
Parce que, en général, il faut rappeler quelques trucs de base :
S’il ne rappelle pas, c’est qu’il ne veut pas rappeler. (et ce n’est pas qu’il a perdu le numéro de téléphone / son téléphone / qu’il a eu un accident / qu’il a trop de travail. Ça n’arrive jamais ce genre de chose, ho !)
S’il n’a pas le temps de vous voir, c’est qu’il n’est pas amoureux.
S’il ne veut pas s’engager, c’est qu’il ne veut pas s’engager. Ça ne se guérit pas. Ce n’est juste pas le bon moment / la bonne personne. Ou les deux. Et ça ne sert à rien d’attendre un peu en se disant que ce sera le bon moment dans une semaine ou dans un mois.
Evidemment, c’est rassurant de se dire qu’on est tombé sur un phobique de l’engagement. Parce que, mine de rien, c’est plus facile de penser que ces phobiques existent, que de se dire qu’on s’est plantées. Qu’on est tombée amoureuse d’un type qui ne nous aime pas en retour. Ça a un côté rassurant de se dire « Ce n’est pas qu’il ne m’aime pas, c’est qu’il a peur de s’engager », voire même, « Il a peur de moi parce qu’il m’aime trop » (oui, les filles sont absolument tout à fait capable de se dire ça. Souvent même).
C’est comme la case mademoiselle. On l’aime bien, la case mademoiselle, tant qu’elle est utile pour se rassurer. « Il m’a appelé mademoiselle, c’est que je fais plus jeune que mon âge, c’est que mon pouvoir de séduction est toujours intact ». Mais le jour où plus personne ne nous appelle « mademoiselle », hein ? C’est le jour où on prend conscience de la discrimination de la chose (ce n’est pas mon cas, il y a encore beaucoup d’hommes qui m’appellent mademoiselle. Parfaitement. Ma séduction est au top. Je précise. Tous les jours, un homme différent m’appelle Mademoiselle. Partout. Tout le temps. Non, mais. ) Mademoiselle, ça veut dire « baisable » en vrai. Et « phobique de l’engagement » (parce que oui, je retombe toujours sur mes pieds), ça veut dire « j’ai le droit de me conduire mal dans la relation, je suis malade, si tu crois que c’est facile franchement... Phobique de l’engagement, ça s’appelle ma maladie. Si tu ne connais pas, lis le livre « Ces hommes qui ont peur d’aimer » et aime moi en retour. Si tu as de la chance, que dis-je, si j’ai de la chance, tu arriveras à me guérir. Mais là, je ne peux pas te voir, j’ai plein de boulot. »
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