Je l’ai déjà dit plein de fois, les débuts de relation c’est compliqué. On ne sait pas ce que veut l’autre, du coup on n’ose pas montrer ce qu’on veut non plus, on se protège un maximum au cas où l’autre déciderait de se barrer d’un coup, ou, à l’inverse, on met des barrières pour éviter que l’autre ne s’attache. Et, pour en rajouter un coup dans le niveau de complication, sinon ce n’est pas drôle, on invente différentes versions de la même histoire. A la fin, on ne sait même plus nous-même ce qui est vrai… Les filles sont des êtres complexes (qui a dit « tordus » ?).
La version qu’on raconte au mec avec qui on débute une relation
« Je suis cool, mec, je suis super cool. Tu m’appelles ? Super. Tu ne m’appelles pas ? Super aussi. Tu veux sortir ? Super. En tête à tête ? Super. Avec tes potes ? Super. Tu ne me présentes pas tes potes ? Super. Je ne te présente pas les miens non plus, de toute façon. Je suis cool. J’aime bien passer du temps avec toi, mais si je n’en passe pas plus, ça me va aussi. Je suis indépendante. J’ai des activités à côté, un boulot, des copines, un planning. Tu t’insères dans le planning, ça me va. Sinon, je ferais sans toi… »
La version qu’on raconte au mec après quelques mois (semaines ?) à ce régime
« Ouais, je suis toujours cool, mec, mais, comment dire, je serais encore plus cool si la situation était claire entre nous. On est en couple, oui ou non ? Parce que bon, si tu ne veux pas être en couple avec moi, je pense que ça ne me convient pas en fait. Ca me perturbe trop dans mon système de valeur, mon planning, tout ça. Alors ? On est dans une vraie relation là ou quoi ? »
La version qu’on raconte aux copines au début d’une relation
« J’ai rencontré un mec. Ca se passe bien ouais. On se voit une ou deux fois par semaine tu vois, pas d’obligation, pas de malaise, pas de principes, pas de prises de tête. Ca me va bien. Ca me convient. Je suis contente quand je le vois. Quand je ne le vois pas je fais plein d’autres trucs, ça me laisse du temps pour moi. Non, c’est bien comme rythme, ça me va, c’est cool… »
La version qu’on raconte aux copines après quelques mois à ce régime
« Avec Machin ? Nan ça se passe toujours bien. Pareil. On se voit pareil. C’est cool. Tu veux sortir mardi ? Ouais chai pas y a peut être Machin qui va m’appeler, je peux pas trop prévoir là tu vois. Et là j’aimerai bien le voir parce qu’on se voit pas souvent, tu vois. C’est pas que je m’attache, c’est juste de la logique… Attends, ne quitte pas j’ai un double appel c’est sûrement lui…….. Allo ? Ah, non c’était pas lui. Le mieux c’est que je te rappelle quand j’ai plus de visibilité sur mon emploi du temps. Mais c’est cool hein. Sans prise de tête »
La version qu’on se raconte à nous-même au début d’une relation
« Il est pas mal Machin. Il me plait bien. Mais pas trop non plus c’est ça qui est cool. Comme ça, pas de prise de tête. On se voit de temps en temps, c’est exactement ce dont j’avais besoin. En même temps c’est clair, on n’est pas faits pour être ensemble. Enfin, pas vraiment. C’est pas totalement mon genre. En même temps je suis bien avec lui, c’est bizarre d’ailleurs, mieux qu’avec la plupart. Mais pas amoureuse non plus. Une relation sans prise de tête ça va être chouette. Pourvu que ça dure… Bon pourquoi il ne m’a pas rappelé là ? »
La version qu’on se raconte à nous-même après quelques mois à ce régime
« Je coooooooooomprennnnnnnnnnds pas ! Pourquoi il n’appelle pas plus souvent alors qu’on est si bien ensemble ? Pourquoi ? Il faut que je sache où on en est. Il faut que je pose les choses. On est en couple ou pas ? Pour moi on est en couple c’est clair. La relation, elle s’est transformée, là. C’est plus pareil qu’au début. Je me suis attachée la vache, je me suis attachée. Et lui peut-être pas. J’aurais du poser les choses dès le début. Pourquoi j’ai dit que j’étais cool, j’ai besoin d’un cadre, moi, j’ai besoin de savoir où j’en suis, de savoir si je m’investis ou pas, si ça devient sérieux ou pas. D’ailleurs je ne l’ai jamais trompé. Ca se trouve je perds mon temps. Il faut que je sache. La prochaine fois qu’on se voit je lui demande, et au pire j’arrête tout. Avant de vraiment m’attacher. »
Heureusement, ce qu’il y a de bien dans les débuts, c’est que ça a un côté exaltant aussi. Heureusement.