J’ai toujours trouvé ça étonnant la façon dont je m’étais entichée de Spécial K. Je sortais d’une relation de 4 ans, je venais tout juste de faire mon deuil et d’avoir envie de sortir, je voulais tester mon pouvoir de séduction. Je savais que Spécial K serait une proie facile, vu que je le connaissais par ailleurs, et je le trouvais pas mal. En plus, je le rangeais dans la case des Loïcos, des genres de types avec qui j’avais généralement un succès fou mais dont je ne tombais jamais amoureuse.
Et là, paf, sans prévenir, je tombe amoureuse de lui. D’un coup, comme ça. Alors que je voulais juste me changer les idées.
Vous me direz, ça arrive, l’amour ça vous tombe souvent dessus sans prévenir tout ça.
Certes.
Mais je me suis toujours posé la question : est ce que je serais tombée aussi amoureuse que ça de Spécial K si ça avait été à un autre moment ? Si je n’avais pas été si fragile sentimentalement.
Parce que ce qui me met la puce à l’oreille, c’est que je ne suis pas la seule dans ce cas là. Parmi mes copines, il y en a à qui c’est arrivé. La même chose. Dans les mêmes circonstances. Après une relation longue, une rupture pas forcément facile, une rencontre qui se veut légère, sans conséquences, histoire de se changer les idées et de voir qu’on peut à nouveau séduire, et paf, l’amour.
Alors c’est peut être une coïncidence, ou un coup de bol, de rencontrer le grand amour, là, comme ça, tout de suite après une relation de couple durable, mais moi je trouve ça louche. Je trouve ça particulièrement louche que ça n’arrive pas qu’à moi. Et je trouve ça particulièrement louche qu’à chaque fois, le type dont on tombe soudainement follement amoureuse se carapate très très vite.
Je me suis donc interrogé. J’ai réfléchi. Beaucoup. Profondément. Et j’en ai tiré les conclusions qui s’imposent : moi et mes copines on est des fanatiques de l’engagement. Contrairement à d’autres.
Plus précisément, j'ai l'impression qu'il y a deux choses qui nous animent, à ce moment là de notre existence : la peur de l’inconnu, et la sensation du renouveau.
L'inconnu, cet inconnu
Sortant d’une relation longue, on est un peu perdue vis-à-vis du célibat, de cette nouvelle vie, de la solitude. Alors, on cherche un truc rassurant, comme on connaît bien. On cherche direct, mais sans se le dire, attention, une vraie relation. On a beau faire les fièrotte, être des femmes libérées tu sais c'est pas si fragiles (euh...), on n’a finalement pas très envie de s’aventurer dans le célibat, dans l’inconnu. Dès fois, le célibat, ça parait assez vertigineux, quand on le regarde de loin (d'ailleurs, il ne faut pas) : il va falloir rencontrer des hommes, les draguer, voir si ça marche, ou pas, attendre trois jours qu’ils rappellent, se demander si on est en couple, si la relation est exclusive, devoir passer par tous ces états là.Vertigineux, on vous dit, quand on y pense.
En fait, on a un peu la trouille surtout.
Alors le premier type qu’on rencontre, après notre relation longue, pour peu qu’on s’entende bien avec lui, il y a notre cerveau qui nous envoie des signaux pour nous dire « Eh, oh, il est pas mal lui ! » « Ce serait bien de cocooner avec lui, non ? », « Tu ne crois pas que ça pourrait faire une histoire sérieuse ? » « Ce serait bien mieux que de courir le gueux, allez fonce ! ». Putain de cerveau !
Il nous envoie de l’ocytocine, tout ça, pour nous rendre accro, et, emballé c’est peser, on tombe amoureuse du premier venu. Saletés d’hormones !
En bref, on est des petites trouillardes, et on n’est pas aidées par notre cerveau, ce couard.
L’effet renouveau
En dehors de la peur du célibat, ce terrible inconnu (qui finalement peut s’avérer être une assez bonne période où on s’amuse pas mal tout en apprenant à se connaître…), il y a aussi l’effet du renouveau.
Parce que si on a rompu (ou si on vient de se faire plaquer, au final, c’est pareil), c’est que ça n’allait plus vraiment dans notre couple d’avant. Si ça n’allait plus, c’est qu’on ne ressentait plus cette passion qui avait pu nous animer au début. Donc, je résume :
On sort d’une relation plan-plan.
On se sent seule.
On rencontre quelqu’un.
Et on se met à ressentir à nouveau des petits frémissements, des petits papillons dans le ventre. On se met à vivre des situations où on est à la fois stressée, excitée, et heureuse. On ne sait pas ce qui va se passer. On a envie de voir l’autre. On a la trouille de l’embrasser. On n’a embrassé personne d’autre depuis tellement longtemps. On a la trouille de faire l’amour. On n’a pas connu un autre corps que celui du précédent depuis tellement longtemps. Tout ça est super excitant. On n’avait pas ressenti ça depuis une paye. On devient accro à ces sensations. Et Paf. Une fois de plus. Amoureuse.
Parce que, nous les filles, on est des warriors de l’amour. On ne se dit pas, contrairement à d’autres, « j’ai souffert en amour, plus jamais ça ! », on se dit « j’ai souffert en amour, mais le prochain, ce sera le bon ». On est pleine d’espoir en l’humanité. On croit vachement que tout est possible. En tout cas, moi et mes copines.
Et on a peut être un peu la trouille du célibat, mais on n’a carrément pas peur de se lancer dans une relation amoureuse. En cela, on est quand même super fortes.
Illustration :
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